lundi 16 juin 2014

Autre élève autre matière


Bonjour à tous. Pourquoi j’ai décidé d’écrire ce livre ? C’est très simple. Il m’est arrivé une aventure extraordinaire. Et j’ai à tout prix voulu vous la raconter. Bon, eh bien voici mon histoire.

 

8 heures

 

Mon réveil sonne. Je me lève lentement, imaginant déjà la longue journée de 6°A au collège Pierre de Castelnau. Je déjeune vite fait, m’habille et me passe un coup d’eau sur le visage dans ma petite salle de bains simple et sans glace. Déjà, je remarque quelque chose d’inhabituel : maman n’est pas là. Bon, elle a du partir plus tôt (elle est infirmière). Vite, je cours, ou autrement je vais rater le bus.

 

8 heures 30 minutes

 

Je cours, je cours, et j’arrive enfin à l’arrêt. C’est bizarre, il n’est pas là.

 

En dernier recours, je prends Le petit train de la bastide de Geaune, réservé aux 8-13 ans. L’aiguilleur a l’air surpris de me voir. Pourtant, je suis déjà venue ! Il me demande :

« Êtes-vous parent d’un enfant du collège, Madame ? »

Moi ? Mère ? Il doit sûrement user de la politesse ! Je n’ai que 12 ans ! Il me fait tout de même entrer dans le petit train. C’est bizarre, il me semble très petit tout à coup !

 

8 heures et 40 minutes

 

J’arrive au collège. Toutes mes copines sont là. Je cours les rejoindre. Je leur dit :

« Salut les filles, ça va ?

- Heu… Oui Madame… Heu… Et vous ?

-Mais qu’est ce que vous avez tous à m’appeler ‘Madame’ à la fin !

- Eh bien… Vous êtes notre professeur d’Histoire-Géo donc…

-Quoi ?

-Eh, Madame… Vous êtes sûre que vous allez bien ?

-Heu… Attendez, il faut que j’aille vérifier quelque chose… »

Je cours aux toilettes des filles. J’avance doucement vers le miroir, et je vois dans le reflet un visage qui n’est pas le mien. Celui d’un adulte. Moi, en adulte. Vous imaginez !

D’un coup, tout s’éclaire : l’absence de maman, le bus, le petit train, et mes copines. Je suis devenue grande ! Je suis devenue… Professeur d’Histoire- Géographie !

 

9 heures

 

La cloche sonne. Je pars vers la salle d’Anglais, là où nous avons notre cours.

Je m’arrête. Ah oui, c’est vrai, je ne suis plus élève, mais professeur !

Alors je vais prudemment dans la salle des professeurs.

Les autres enseignants n’ont même pas l’air surpris de me voir. Il faut vraiment que je m’habitue.

Mme Fuentes, notre professeur, notre (ancienne) professeur de français, m’interpelle :

« Bonjour Amaya ! Ne t’inquiète pas, je vais rentrer mes notes pour ton conseil de classe de 4°C. Tu veux un café ?

-Heu… Non merci, je bredouille.

-Bon, il faut que j’aille en cours, à tout à l’heure ! »

Elle sort de la salle. J’examine mieux cette pièce, redoutée, et interdite, où un pas pour rentrer peut provoquer les plus grosses colères.

Mais moi, Amaya Neumann, élève de la 6°A, je m’y trouve, comme 20 ans plus tard, à regarder bêtement ce qui m’entoure : des gros fauteuils rouges sont disposés autour d’une petite table où des tasses vides ont élu domicile.

Une grande table soutenant des paquets énormes de copies me fait face. Derrière se trouve une machine distributrice de café, usée.

Je sursaute, car quelqu’un m’appelle. Je me retourne et vois Coralie, une surveillante, l’air pressée. Elle me dit :

« Mme, vous êtes attendue par vos élèves depuis un quart d’heure, déjà. Vous avez cours !

-Heu, oui, je sais ! Heu, juste, est-ce que vous auriez un emploi du temps, heu… J’ai perdu le mien…

-Oui, oui, bien sûr, mais dépêchez-vous, vous êtes attendue ! »

Elle ouvre son sac et me donne une feuille précipitamment.

Je bredouille un merci et cours retrouver ‘mes chers élèves’.

 

9 heures et 30 minutes

 

 

Oh, mon dieu ! Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ?

Devant moi se trouvent les 3°B, classe la plus redoutée pour les petits 6°. Ils me regardent d’un air feignant et provocateur.

J’avale ma salive et leur dis :

« Désolée pour mon retard, j’étais, heu… Occupée… Bon, venez. »

Ils me suivent sagement. Je ne sais comment j’étais ‘avant’, mais je savais imposer mon autorité !

Quand nous sommes entrés dans ce qui semble être ma classe, je leur dis, avec une pointe de satisfaction à l’idée que des 3° m’obéissent, la célèbre phrase :

« Asseyez-vous ! »

C’est à ce moment qu’un sentiment de détresse m’envahit. Je n’ai pas préparé de cours, je ne sais même pas ce qu’ils sont en train d’appendre !

Eux, sortent leurs affaires, ne se doutant absolument pas de ce qui m’arrivait. Sur mon ‘bureau’ se trouvent des fiches bien rangées dans des pochettes (Eh oui, je suis Amaya, la pro de l’organisation !) : les 6°A, 6°B, 4°C, 3°B et 3°A.

Il y a aussi, dans un coin, des piles de copies.

« Oh, la la ! » pensais-je.

J’ouvre la pochette des 3°B. Ils sont en train d’étudier la Seconde Guerre Mondiale ! Mais je n’y connais rien !

Alors, j’improvise :

« Bon, qu’est-ce que nous avons fait la dernière fois ? » je demande (comme si je connaissais la réponse… Hum…).

Un élève (dont je ne connais pas le nom) lève le doigt.

« Oui, heu… toi ?

- Nous avons étudié le débarquement de Normandie, célébré le 6 juin 1944.

-Très bien, heu… toi. »

Je cherche une feuille pouvant appartenir à ce thème. Il y a bien ‘Témoignages de soldats durant le Grand Conflit’.

Ouf. Cela fera l’affaire. Je leur distribue cette fiche, qui les occupe durant la moitié de l’heure. Puis, nous faisons la correction. Heureusement que je suis ‘Amaya, la pro de l’organisation’ : Pour toutes les feuilles ‘j’ai fait’ un corrigé clair, qui me permet moi-même de comprendre cette maudite leçon.

Enfin, la cloche miraculeuse retentit, et je sors presque plus vite que ‘mes chers petits 3° pressé’ pour respirer un peu d’air frais. Et alors, je me dis :

« La journée va être longue… ».

 

11 heures et 40 minutes

 

Je n’aurais pas pu mieux dire. Heureusement, après de longues heures bizarres en compagnie de mes ‘chers élèves’, la sonnerie de 11h40 retentit. J’allais enfin pouvoir avoir un peu de temps libre ! Je n’avais jamais imaginé que cela pouvait être aussi dur d’être professeur !

Je remarque autre chose : je n’ai pas de ticket pour manger !

Alors, je vais voir la gestionnaire, qui me gronde gentiment pour avoir demandé si tard, mais je repars quand même avec un ticket.

J’arrive au self. Les cuisinières sont très gentilles avec moi et me proposent des plats auxquels les élèves n’ont pas droit.

Ensuite, j’entre dans l’autre endroit interdit, déconseillé du collège : la ‘Cantine des Professeurs’. Plusieurs enseignants sont déjà là. Je m’assois à côté de M Nadaud et de M Rétif, mes anciens professeurs de math et de sport.

Ils sont en train de parler de Valérie Gaufir, une élève de 4°C que j’ai eu plus tôt dans la journée.

Apparemment, elle est fainéante et ne fait jamais son travail.

Puis, ils parlent de Romain Labote et de Simon Grognard, en 5°, et pour finir de Célia Coustère et de Baptiste Coco, en 6°.

En ayant assez de ses potins ennuyants, je débarrasse mon plateau et file vers la salle des professeurs, qui est maintenant devenue mon refuge de tranquillité.

 

13 heures

 

Je m’installe confortablement dans les fauteuils rouges et sort de mes cartables mes copies.

Il y a bien une dizaine de paquets ! Je retire ce que j’ai dit à propos de ‘Amaya la pro de l’organisation !’

Je commence à écrire des petits chiffres et je me retrouve bientôt avec des 20 et des 19 écrits de mon écriture maladroite sur les copies des élèves.

Pourtant, M. Nadaud avait bien précisé que les 3°A étaient une classe épouvantable ! Je ne sais plus quoi faire.

C’est ce moment là que Mme Fuentes choisit pour faire son apparition.

Elle s’installe à côté de moi, boit son café, en me disant que ‘c’est le meilleur moment de la journée et le seul moyen de survivre !’.

Petit à petit, je lui demande des conseils et finit mon paquet avec des notes à peu près normales.

Ouf ! Sauvée !

 

14 heures

 

Voici le moment le plus bizarre de mon aventure. Je vais aller en classe avec les 6°A, mais je serai de l’autre côté du bureau !

Ils étaient déjà là, à m’attendre, avec eux un air ignorant. Je les reconnais tous : Valentine, Kelly, Pauline, Emma… Ils sont tous là. Le stress monte en moi.

Oui, j’avais préparé quelques petits trucs à la va vite qui devaient faire l’affaire, mais cela fait tout de même super bizarre.

Le cours se passe plutôt bien, même si, des fois, la tentation de rire avec eux d’une blague de Damien ou d’Emmanuel monte en moi, mais je me retiens. Je les gronde même.

Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime bien les remettre à leur place pour une fois !

Je commence à me sentir à l’aise et me prends de plus en plus au jeu.

J’essaie d’imiter Madame Fuentes quand Célia ou Kelly parlent, je fais quelques blagues nulles de professeurs auxquelles ils éclatent de rire, je m’organise, et cette fois, quand la sonnerie retentit, je suis un peu déçue. Qu’est-ce que ça peut passer vite une heure !

 

17 heures

 

La fin de la journée se passe bien, même si je suis encore mal à l’aise avec les 3°.

Au dernier cours, je me surprends même à parler comme un professeur ! Revivrai-je cette expérience demain ?

Je ne le sais pas, mais par contre, je sais que ce Lundi 2 Juin restera gravé dans ma mémoire à tout jamais.

 

Morale : Achetez une glace pour votre salle de bains.

 

Autre morale : Faîtes attention en vous levant le matin, car on ne sait jamais ce qui peut arriver.

 

 

NEUMANN Amaya 6°A    

 

 

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