Bonjour à tous.
Pourquoi j’ai décidé d’écrire ce livre ? C’est très simple. Il m’est
arrivé une aventure extraordinaire. Et j’ai à tout prix voulu vous la raconter.
Bon, eh bien voici mon histoire.
8 heures
Mon réveil sonne. Je me lève
lentement, imaginant déjà la longue journée de 6°A au collège Pierre de
Castelnau. Je déjeune vite fait, m’habille et me passe un coup d’eau sur le
visage dans ma petite salle de bains simple et sans glace. Déjà, je remarque
quelque chose d’inhabituel : maman n’est pas là. Bon, elle a du partir
plus tôt (elle est infirmière). Vite, je cours, ou autrement je vais rater le
bus.
8 heures 30
minutes
Je cours, je cours, et
j’arrive enfin à l’arrêt. C’est bizarre, il n’est pas là.
En dernier recours, je prends
Le petit train de la bastide de Geaune,
réservé aux 8-13 ans. L’aiguilleur a l’air surpris de me voir. Pourtant, je
suis déjà venue ! Il me demande :
« Êtes-vous parent d’un
enfant du collège, Madame ? »
Moi ? Mère ? Il
doit sûrement user de la politesse ! Je n’ai que 12 ans ! Il me fait
tout de même entrer dans le petit train. C’est bizarre, il me semble très petit
tout à coup !
8 heures et
40 minutes
J’arrive au collège. Toutes
mes copines sont là. Je cours les rejoindre. Je leur dit :
« Salut les filles, ça
va ?
- Heu… Oui Madame… Heu… Et
vous ?
-Mais qu’est ce que vous avez
tous à m’appeler ‘Madame’ à la fin !
- Eh bien… Vous êtes notre
professeur d’Histoire-Géo donc…
-Quoi ?
-Eh, Madame… Vous êtes sûre
que vous allez bien ?
-Heu… Attendez, il faut que
j’aille vérifier quelque chose… »
Je cours aux toilettes des
filles. J’avance doucement vers le miroir, et je vois dans le reflet un visage
qui n’est pas le mien. Celui d’un adulte. Moi, en adulte. Vous imaginez !
D’un coup, tout
s’éclaire : l’absence de maman, le bus, le petit train, et mes copines. Je
suis devenue grande ! Je suis devenue… Professeur d’Histoire-
Géographie !
9 heures
La cloche sonne. Je pars vers
la salle d’Anglais, là où nous avons notre cours.
Je m’arrête. Ah oui, c’est
vrai, je ne suis plus élève, mais professeur !
Alors je vais prudemment dans
la salle des professeurs.
Les autres enseignants n’ont
même pas l’air surpris de me voir. Il faut vraiment que je m’habitue.
Mme Fuentes, notre
professeur, notre (ancienne) professeur de français, m’interpelle :
« Bonjour Amaya !
Ne t’inquiète pas, je vais rentrer mes notes pour ton conseil de classe de 4°C.
Tu veux un café ?
-Heu… Non merci, je
bredouille.
-Bon, il faut que j’aille en
cours, à tout à l’heure ! »
Elle sort de la salle.
J’examine mieux cette pièce, redoutée, et interdite, où un pas pour rentrer peut
provoquer les plus grosses colères.
Mais moi, Amaya Neumann,
élève de la 6°A, je m’y trouve, comme 20 ans plus tard, à regarder bêtement ce
qui m’entoure : des gros fauteuils rouges sont disposés autour d’une petite
table où des tasses vides ont élu domicile.
Une grande table soutenant des
paquets énormes de copies me fait face. Derrière se trouve une machine
distributrice de café, usée.
Je sursaute, car quelqu’un m’appelle.
Je me retourne et vois Coralie, une surveillante, l’air pressée. Elle me
dit :
« Mme, vous êtes
attendue par vos élèves depuis un quart d’heure, déjà. Vous avez cours !
-Heu, oui, je sais !
Heu, juste, est-ce que vous auriez un emploi du temps, heu… J’ai perdu le mien…
-Oui, oui, bien sûr, mais
dépêchez-vous, vous êtes attendue ! »
Elle ouvre son sac et me
donne une feuille précipitamment.
Je bredouille un merci et
cours retrouver ‘mes chers élèves’.
9 heures et
30 minutes
Oh, mon dieu ! Qu’est ce
que j’ai fait pour mériter ça ?
Devant moi se trouvent les
3°B, classe la plus redoutée pour les petits 6°. Ils me regardent d’un air
feignant et provocateur.
J’avale ma salive et leur dis :
« Désolée pour mon
retard, j’étais, heu… Occupée… Bon, venez. »
Ils me suivent sagement. Je
ne sais comment j’étais ‘avant’, mais je savais imposer mon autorité !
Quand nous sommes entrés dans
ce qui semble être ma classe, je leur dis, avec une pointe de satisfaction à
l’idée que des 3° m’obéissent, la célèbre phrase :
« Asseyez-vous ! »
C’est à ce moment qu’un
sentiment de détresse m’envahit. Je n’ai pas préparé de cours, je ne sais même
pas ce qu’ils sont en train d’appendre !
Eux, sortent leurs affaires,
ne se doutant absolument pas de ce qui m’arrivait. Sur mon ‘bureau’ se trouvent
des fiches bien rangées dans des pochettes (Eh oui, je suis Amaya, la pro de
l’organisation !) : les 6°A, 6°B, 4°C, 3°B et 3°A.
Il y a aussi, dans un coin,
des piles de copies.
« Oh, la
la ! » pensais-je.
J’ouvre la pochette des 3°B.
Ils sont en train d’étudier la Seconde Guerre Mondiale ! Mais je n’y
connais rien !
Alors, j’improvise :
« Bon, qu’est-ce que nous
avons fait la dernière fois ? » je demande (comme si je connaissais
la réponse… Hum…).
Un élève (dont je ne connais
pas le nom) lève le doigt.
« Oui, heu… toi ?
- Nous avons étudié le débarquement
de Normandie, célébré le 6 juin 1944.
-Très bien, heu… toi. »
Je cherche une feuille
pouvant appartenir à ce thème. Il y a bien ‘Témoignages de soldats durant le
Grand Conflit’.
Ouf. Cela fera l’affaire. Je
leur distribue cette fiche, qui les occupe durant la moitié de l’heure. Puis,
nous faisons la correction. Heureusement que je suis ‘Amaya, la pro de
l’organisation’ : Pour toutes les feuilles ‘j’ai fait’ un corrigé clair,
qui me permet moi-même de comprendre cette maudite leçon.
Enfin, la cloche miraculeuse
retentit, et je sors presque plus vite que ‘mes chers petits 3° pressé’ pour
respirer un peu d’air frais. Et alors, je me dis :
« La journée va être
longue… ».
11 heures et
40 minutes
Je n’aurais pas pu mieux
dire. Heureusement, après de longues heures bizarres en compagnie de mes ‘chers
élèves’, la sonnerie de 11h40 retentit. J’allais enfin pouvoir avoir un peu de
temps libre ! Je n’avais jamais imaginé que cela pouvait être aussi dur
d’être professeur !
Je remarque autre
chose : je n’ai pas de ticket pour manger !
Alors, je vais voir la
gestionnaire, qui me gronde gentiment pour avoir demandé si tard, mais je
repars quand même avec un ticket.
J’arrive au self. Les
cuisinières sont très gentilles avec moi et me proposent des plats auxquels les
élèves n’ont pas droit.
Ensuite, j’entre dans l’autre
endroit interdit, déconseillé du collège : la ‘Cantine des Professeurs’.
Plusieurs enseignants sont déjà là. Je m’assois à côté de M Nadaud et de M
Rétif, mes anciens professeurs de math et de sport.
Ils sont en train de parler
de Valérie Gaufir, une élève de 4°C que j’ai eu plus tôt dans la journée.
Apparemment, elle est fainéante
et ne fait jamais son travail.
Puis, ils parlent de Romain
Labote et de Simon Grognard, en 5°, et pour finir de Célia Coustère et de
Baptiste Coco, en 6°.
En ayant assez de ses potins
ennuyants, je débarrasse mon plateau et file vers la salle des professeurs, qui
est maintenant devenue mon refuge de tranquillité.
13 heures
Je m’installe confortablement
dans les fauteuils rouges et sort de mes cartables mes copies.
Il y a bien une dizaine de
paquets ! Je retire ce que j’ai dit à propos de ‘Amaya la pro de
l’organisation !’
Je commence à écrire des
petits chiffres et je me retrouve bientôt avec des 20 et des 19 écrits de mon
écriture maladroite sur les copies des élèves.
Pourtant, M. Nadaud avait
bien précisé que les 3°A étaient une classe épouvantable ! Je ne sais plus
quoi faire.
C’est ce moment là que Mme Fuentes
choisit pour faire son apparition.
Elle s’installe à côté de
moi, boit son café, en me disant que ‘c’est le meilleur moment de la journée et
le seul moyen de survivre !’.
Petit à petit, je lui demande
des conseils et finit mon paquet avec des notes à peu près normales.
Ouf ! Sauvée !
14 heures
Voici le moment le plus
bizarre de mon aventure. Je vais aller en classe avec les 6°A, mais je serai de
l’autre côté du bureau !
Ils étaient déjà là, à
m’attendre, avec eux un air ignorant. Je les reconnais tous : Valentine,
Kelly, Pauline, Emma… Ils sont tous là. Le stress monte en moi.
Oui, j’avais préparé quelques
petits trucs à la va vite qui devaient faire l’affaire, mais cela fait tout de
même super bizarre.
Le cours se passe plutôt
bien, même si, des fois, la tentation de rire avec eux d’une blague de Damien
ou d’Emmanuel monte en moi, mais je me retiens. Je les gronde même.
Je ne sais pas pourquoi, mais
j’aime bien les remettre à leur place pour une fois !
Je commence à me sentir à
l’aise et me prends de plus en plus au jeu.
J’essaie d’imiter Madame
Fuentes quand Célia ou Kelly parlent, je fais quelques blagues nulles de
professeurs auxquelles ils éclatent de rire, je m’organise, et cette fois,
quand la sonnerie retentit, je suis un peu déçue. Qu’est-ce que ça peut passer
vite une heure !
17 heures
La fin de la journée se passe
bien, même si je suis encore mal à l’aise avec les 3°.
Au dernier cours, je me
surprends même à parler comme un professeur ! Revivrai-je cette expérience
demain ?
Je ne le sais pas, mais par
contre, je sais que ce Lundi 2 Juin restera gravé dans ma mémoire à tout
jamais.
Morale :
Achetez une glace pour votre salle de
bains.
Autre
morale : Faîtes attention en
vous levant le matin, car on ne sait jamais ce qui peut arriver.
NEUMANN Amaya 6°A
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